Depuis que je suis sur Tik-Tok, on me pose souvent la question de l'argent, notamment combien de livres il faut vendre pour réussir à vivre correctement. Je suppose que c'est parce Tik-Tok est une plate-forme où se trouvent de nombreux aspirants écrivains, qui hésitent à se lancer à temps plein... à juste titre ! Aujourd'hui, je vais essayer de démêler tout ça par rapport à ma situation personnelle, qui ne représente bien sûr qu'un exemple parmi tant d'autres et qui est donc très subjective !
Allez, c'est parti pour vous expliquer les montagnes russes par lesquelles je suis passée récemment !
Mon parcours
Petit point rapide pour ceux qui ne me connaissent pas : j'ai été instit en écoles internationales quasiment toute ma carrière, et j'ai fait le choix d'arrêter en 2020, au moment du Covid. J'ai sorti mon premier roman en février 2023, le deuxième en juin 2023, le troisième en février 2024 et le quatrième en juin 2024. Ces quatre premiers romans forment l'ensemble de la saga des Trois Royaumes, qui a assez vite fonctionné. J'ai sorti mon cinquième roman, le premier tome de la saga de La Passeuse d'âmes & le roi, en novembre 2024. J'ai donc 5 romans publiés à mon actif à l'heure où j'écris ces lignes et le sixième sortira bientôt.
Vivre correctement ?
Bien évidemment, je ne peux pas parler de la question de l'argent sans définir ce que représente le fameux "vivre correctement". C'est un aspect très personnel, et pour ma part cela ne va pas sans prendre en compte le fait que je suis maman de 2 enfants, que nous vivons dans une ville extrêmement chère (Lisbonne), que mes enfants vont dans une école française payante et que je n'ai jamais travaillé en France en tant qu'instit donc je n'aurai pas la retraite. Pour réussir à "vivre correctement", nous vivons donc simplement, faisons très peu d'achats en général, et nous voyageons en échange de maisons afin de ne pas payer le logement. Depuis que je suis devenue auteure à temps plein, nous avons drastiquement revu notre mode de vie pour que ça passe. On ne va pas se mentir, c'est juste certains mois, mais bon, pour l'instant, ça passe encore.
Le chiffre d'affaires
Comme une image vaut mieux que mille mots, voici le graphique de ce que j'ai gagné depuis que j'ai commencé, les flèches rouges indiquant mes sorties de romans. Attention, cela ne représente QUE les redevances KDP (les ventes sur Amazon), on ne voit pas les ventes directes lors des séances de dédicaces ou sur mon site internet (ça rajoute une centaine d'euros par mois environ). Ce qu'on ne voit également pas, c'est que c'est le chiffre d'affaires, et qu'il faut donc déduire à cela tous les frais (correction, graphiste, site internet, publicités...) qui représentent, à la louche, environ 500 euros par mois.

Premier constat, et pas des moindres : être auteur, c'est accepter de commencer avec un salaire très faible, puis d'avoir des revenus TRÈS irréguliers !
Deuxième constat : chaque sortie de roman aide à augmenter les redevances... Enfin, en théorie car vous pouvez voir que mon roman 5, qui est le premier d'une nouvelle saga, n'a pas encore décollé (les lecteurs attendent souvent la saga complète pour la lire).
Troisième constat : les redevances, c'est aussi très saisonnier. Les gens ont le temps de lire en juillet et août, et j'entends souvent dire que ce sont des bons mois, ce qui a en effet été mon cas en 2024. Noël est également propice aux ventes, mais plutôt en format papier qu'en ebook. Pour moi, janvier 2025 est un très mauvais mois (même s'il n'est pas terminé) car je pense que l'effet Trois Royaumes retombe et La Passeuse d'âmes & le roi n'a pas encore pris le relais.
La désillusion
Pour être honnête avec vous, quand j'ai vu les redevances entre juillet et septembre 2024 (les mois les plus hauts, autour de 1400 euros par mois), j'ai cru naïvement que c'était bon, que la machine était lancée... Que nenni ! Les mois suivants n'ont fait que chuter et ça c'est hyper dur pour le moral. Je sais que, pour une auteure qui a débuté il y a peu, c'est déjà un TRÈS bon salaire, mais si on en revient à l'épineuse question du "vivre correctement", c'est vraiment trop juste pour moi. D'autant plus qu'encore une fois, il faut enlever les frais d'environ 500 euros par mois, ce qui ne laisse plus grand chose au final... Par exemple, en ce mois de janvier, je crois que je vais être à perte, pour la première fois depuis un an.

La solution
Eh bien oui, pour m'en sortir financièrement, il faut que je bosse à côté. Comme je ne souhaitais pas reprendre un temps plein dans l'enseignement, je fais des remplacements, j'anime des ateliers d'écriture pour les enfants, je propose des stages, j'accompagne des auteurs, j'interviens en tant qu'auteure dans des classes de collège... Je n'ose même pas vous dire combien d'heures par semaine je bosse, vous prendriez peur ! Je travaille tous les jours, week-ends et vacances compris, pour avoir un salaire à peu près convenable. J'ai fait le choix de publier trois livres par an pour soutenir mon activité d'auteure, ce qui me demande un effort considérable pour être dans les temps. Heureusement, je suis quelqu'un d'hyper organisée, je suis une TRÈS grosse bosseuse, je sais m'accorder du repos quand j'en sens le besoin, et surtout... ce que je fais est hyper fun, donc je m'éclate au quotidien et ça aide à tenir le rythme ! Sans la joie de mener la vie dont j'ai toujours rêvé, je pense que j'aurais abandonné depuis longtemps...
Conclusion
Comme vous avez pu le découvrir, comme pour tout métier d'entreprenariat, le nerf de la guerre est l'argent pour les auteurs. Les revenus sont irréguliers, il faut avoir une bonne assise financière avant de se lancer, être capable de cumuler plusieurs emplois et rester motivé, quoi qu'il se passe. Pour ma part, l'année 2025 va être le tournant décisif pour voir si cette activité peut être viable sur le long terme. J'ai trois sorties de romans prévues cette année (deux pour terminer la saga de La Passeuse d'âmes & le roi et un roman One shot, c'est-à-dire qu'il ne fera pas partie d'une saga). Mon but est bien sûr de continuer, mais il faut que les choses bougent dans le bon sens, sous peine de devoir arrêter pour retrouver un emploi plus stable et moins chronophage. Ceci étant, j'entends partout qu'il suffit d'UN roman pour faire la bascule et réellement pouvoir vivre confortablement de ses romans. J'ai aussi entendu qu'il faut avoir écrit 500 000 mots (je dois en être à 400 000) pour avoir suffisamment de romans proposés qui s'alimentent en lecteurs entre eux, et ainsi faire cette fameuse bascule. Je croise les doigts pour que 2025 soit l'année de la stabilité financière pour moi !
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